Je suis mon étoile vers Bethlehem

Publié le par Filip

Ca est, j'y suis !

 

J'avais les consignes. Je sors de l'aéroport de Tel Aviv, je sors fumer une cigarette, non, d'abord tu dois trouver un distributeur ( fais attention ici il y en a trois sortes, tu dois retirer des sheckels),  c'est bon, je les ai, je sors fumer une cigarette ... Entre temps déjà 10 personnes m'ont sollicité pour monter dans leur taxi ....

je trouve rapidement un taxi collectif pour Jerusalem, je negocie 55 sheckels et au bout de 5 minutes la voiture est pleine, on peut partir, je suis le seul étranger, les autres ont tous un beau chapeau, des cheveux qui descendent sur leurs joues et une barbe, moi j'ai déjà la barbe, les cheuveux qui descendent dans le cou et le chapeau dans le sac (il y restera je crois tout le séjour, moi je vais en Palestine, pas en Israel).

 

Le taxi roule sous les lumières de la grande route vers Jérusalem, j'apperçois à peine le paysage, quelques maisons, quelques pierres et beaucoup de détritus dans les fossés. Ils parlent très fort dans le taxi, j'ai toujours l'impression qu'ils s'engueulent, je ne comprends rien. J'essaie de repérer la route grâce aux panneaux indicateurs ... tout est en hébreu. J'espère que le chauffeur a bien compris ma destination : Damascus Gate.

 

On tourne dans labanlieue de Jérusalem pour déposer un a un les voyageurs, j'attends mon tour ... Enfin il se tourne vers moi et me montre la porte de Damas. Au moment de payer je sors mes gros billets, il n'a pas de monnaie : "Give me euros, 12 euros", je lui en donne 11 ( 5 sheckel  = 1 euro) ... il essaie d'avoir le dernier, hallas, ouai j'ai gagné.

 

A Damascus gate, tu montes sur la gauche et tu prends le bus n° 21 : mais c'est la nuit, il est 3H45, comment veux tu que je trouve ma gauche moi. Je monte un peu et rencontre des passants : "I'm looking for the bus station number 21". Et là ils rigolent ... "It's the night, there're no busses, stay and sleep in Jerusalem".

 

Je continue la rue et trouve un taxi :

 

-"can you drive me to Bethlehem"

- Yes of course

- i go 117 Star Street.

- Ok

- How much is it ?

- 150 sheckels

 

Je fais la tête

- I was told it was 30 sheckels ...

- One hundred ...

- Fifty

-OK

 

On est parti, les rues sont tristes avec la lumière jaune des lampadaires, on ne parle pas, la radio est à fond.

 

Arrivés au niveau du mur, nous sommes coincés, la route est  fermée ... il dit merde dans sa langue et je sens bien qu'il devait le savoir, il m'explique qu'il ne peut pas aller plus loin, que c'est simple, il suffit de traverser à pied et je serai à destination ... Je sors, j'essaie de renégocier le prix, mais ja suis fatigué. Je prends ma grosse valise et marche vers le check-point ...

 

L'endroit est presque désert, quelques personnes divaguent autour de moi, j'avance vers le passage ... je ne suis pas fier. Dans sa cabine, une jeune soldat(e) contrôle la barrière derrrière laquelle une file impressionnante attend de passer au compte goutte. Elle se tourne vers moi et me fais signe de venir, elle fait dégager les palestiniens et me fait passer devant tout le monde, je suis mal, je souris, je répète  "sorry, excuse me", et j'avance vers la sortie. Et là, le choc, ça parrait irréel, sorti d'un film ... je suis seul dans ce sens, dans l'autre, des centaines de personnes font la queue. Une jeune fille m'explique : va vers la porte et descend sur la droite, s'il y a des gens, tu les pousses.

 

J'avance, un peu inquiet ... Les pousser ? Mais qui ? Mais pourquoi ?

 

Et je comprends, deuxième choc, encore plus indescriptible ... Il y a trois allées, entre des barreaux, dans deux d'entre elles, des centaines de palestiniens sont entassés  attendant pour passer le contrôle et aller travailler à jérusalem. Plus loin, ça crie, et devant moi, dans ma file, certains essaient  de passer devant les autres en se faufilant entre certains barreaux déjà tordus.

 

J'avance, j'évite de trop regarder sur les cotés, je tire ma valise qui me parait totalement pas à sa place. Je marche, je slalome entre les passants en m'excusant toutes les deux secondes ... Enfin j'arrive en bas, je suis épuisé, mal a l'aise, en colère ...

 

Sur la place, les taxis courrent vers moi : "Want a taxi". Je n'ai plus de force, je dis oui, je donne l'adresse, ils ne connaissent pas, je négocie encore, je doute que le chauffeur puisse me conduire au bon endroit, je m'en fout, j'y vais.

 

Le chauffeur veut me conduire au Star Hotel, je lui dis " No, Star Street 117", il râle un peu, demande sa route à tous les passants, et enfin je vois la plaque "Star street", j'essaie de le faire avancer jusqu'au numéro 117 mais il ne comprend rien. Je descends.

 

Et je suis devant la porte du 117, je n'ose pas frapper : il est 4h30. La clé tourne dans la serrure et je me retrouve devant un homme tout souriant qui me souhaite la bienvenue, je lui répond "Bonjour Tony" et il appelle Elen que je vois émerger de sa chambre. Je suis épuisé, je  suis heureux. C'est étonnant comme toutes les images de mon périple s'effacent tout d'un coup. Elle est là, je suis arrivé.

 

 

 

Publié dans voyage

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J
<br /> Coucou les aminches !<br /> Content d'avoir de bonnes nouvelles,<br /> on pense à vous<br /> Bisous<br /> <br /> <br />
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S
<br /> Entre deux rangements et repassages, j'ai pris le temps de lire l'arrivée ubuesque de Philippe en Palestine... Edifiant ! Bravo Philippe ! Tu es un vrai aventurier !<br /> Soazig<br /> <br /> <br />
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