atelier cuisine au camp d'Aida

Publié le par tipeda

 

Je participe ce matin à un atelier cuisine au camp d'Aida.

 

Au menu : 

 

Arabic meza (différentes entrées, comme houmous, feuilles de vignes, sauces au tahin...)

Yahinir Sabaneh (riz aux pois chiche et épinards)

Poulet Grillé

Basbussa (gâteau de semoule et noix de coco)

Jus de fruits et café arabe

 

 

Uh, j'ai hâte ! bon, j'y vais et je vous raconte ....

 

Cet atelier est à l'initiative d'une fille très chouette : Sandra. Elle voulait aider et a rencontré une Belge qui venait ici en retraite pour aider les gens des camps. Par son intermédiaire, elle a monté un groupe de femmes qui ont des enfants handicapés.

 

Etre Palestinien, c'est pas la joie,

 

Etre Palestinien dans un camp c'est pire,

 

Etre enfant handicapé palestinien en camp, c'est...

 

Donc, Aida, un groupe de 15 femmes s'est monté pour récolter des fonds qui vont servir au mieux être de leurs enfants handicapés. C'est une initiative toute jeune, mais déjà, ils ont pu acheter un siège pour faciliter l'accès aux toilettes. payer la scolarité de 3 enfants dans un centre adapté, acheter des couches au prix de gros et faire une sortie dans un parc près d'Hebron.

 

Cet atelier cuisine va servir à acheter des vêtements et couvertures pour l'hiver.

 

Donc, nous étions 8 et moi comme d'habitude, la seule française. 6 Américains, une Allemande. Nous étions accueillies dans la maison d'une des mamans.

 

Pour décrire un camp de réfugié aujourd'hui : ce serait comme un bidonville amélioré, ou des hlm vraiment très délabrés. Mais en fait, ici, les gens s'en foutent un peu de l'aspect extérieur de leur maison. Les déchets sont partout, c'est dingue de voir ça. Parfois, il reste quelques oliviers, mais à leur pied plein de bouteilles et de sacs plastiques. Au début, en 1948, c'était des tentes, et puis petit à petit, ça a été construit, agrandi, en fonction des besoins, en hauteur évidemment çar le camp ne s'étends pas. A Bethléem il y a 3 camps, Deishei, Aida et Al Azza le plus petit. Ces camps avaient été installés à l'origine à la périphérie des villes, mais les villes se sont agrandies et les camps sont restés. Les gens des camps sont considérés un peu comme des parias par les gens de la ville. Bref, c'est pas la joie.

 

Mais si on voit ça avec un regard positif : il y a une solidarité dans les camps, qu'il n'y a pas ailleurs. C'est comme une grande colocation en fait... Mais d'ailleurs, qui est propriétaire des camps ? Ben, c'est loué par l'UNWRA pour 99 ans à des organisations qui sont propriétaires des terrains, je sais pas trop qui. Ces gens là, on leur a pris leur maison, leur terrain, leur troupeau et ils se sont retrouvés sans rien. Depuis 48 ils demandent à retourner chez eux ou à avoir une compensation. Et rien. Et la communauté internationale, plutôt que d'imposer à Israel de régler ce point, donne de l'argent à l'Unwra pour sa bonne conscience. Ben tiens....

 

Autre vision hallucinante : l'entrée principale du camp longe le plus bel hôtel de Bethléem, 5 étoiles. Quand l'eau est coupée dans les camps, les habitants peuvent quand même entendre les jets d'eau et les éclaboussure de la  piscine de l'hôtel. C'est cool hein ?

 

A Aida, il y a environ 800 habitants. Certains très démunis, d'autres moins. Comme partout. Il n'y a aucun chrétien dans les camps. Ils sont tous partis. Il reste les musulmans. Donc, c'est très musulman ici quoi. Et donc, les musulmans, n'aiment pas que leur femme travaille au dehors. Mais de toutes façons elles ont assez à faire avec leurs nombreux enfants et comme ya pas de travail....

 

Mais revenons à notre atelier cuisine. Donc, on est accueilli par Islam, chez elle. Les enfants courent partout, pieds nus, ils sont mignons et sales. Ici aussi, une grande préoccupation par rapport aux enfants : beaucoup trop de sucre dans l'alimentation. Le sucre, c'est comme un aliment de résilience pour ces femmes. Elles ne peuvent pas supprimer le sucre car la vie est déjà assez dure comme ça.... C'est terrible. On voit aussi souvent les gamins dans les rues qui achètent des boissons énergétiques du style boeuf rouge ou dérivés. Après on s'étonne qu'ils aient du mal à se concentrer... Je reste regarder une petite fille de 2ans qui se plaque le dos contre le mur avant de tourner sa tête pour voir qui rentre, le mouvement comme dans les films policiers, vous voyez ? C'est un mouvement rapide et fugitif, mais je reste sidérée.  Aux murs, de ciment nu, les photos des martyrs. Tous ceux qui sont morts tués par un soldat. Y en a quelques uns.... On rentre dans la cuisine.

 

La pâte à pain est prête. On l'aide à faire des pains qui sont cuits dans le four des familles, un truc de ouf. Comment ya pas plus d'accidents au gaz quand on voit ces fours !

 

En quelques minutes, de beaux pains pita sortent du four et mmmmhhh, c'est bon.

 

Ensuite on prépare les épinards. Ici, on est en pleine saison des épinards. Ils sont vendus par bouquets de jeunes feuilles. Beaucoup plus beau que chez nous. Ils coûtent 4 shekels le kg je crois, A peine 1 euro. Les bananes et les oranges : 5 shekels, les 4 kg. C'est cool comme prix.

 

Bon, bref, on lave, coupe et relave les épinards, et on les mets à revenir dans l'huile. On rajoute l'ail.  et ensuite on rajoute du bouillon de cous de poulets. Ah, faudrait encore en trouver des cous de poulets. Et puis on rajoute un bol de pois chiches cuits et on laisse mijoter. Fastiche fastoche. Tout est dans le bouillon en somme.

 

Ensuite, on s'occupe du riz. On le lave super bien (il est dans l'eau depuis la veille) et on faire revenir du vermicelle à l'huile. Quand le vermicelle est doré, on rajoute le riz, du sel, du curcuma et de l'eau. Peu d'eau. Et on laisse cuire. Du coup on mange du riz au vermicelle.

 

Mary fait ça aussi du riz au vermicelle. Je sais pas pourquoi, mais c'est bon en tout cas. Ici la nourriture de base c'est pas les patates, c'est le riz.

 

Voilà, c'est fini pour nous. Un peu frustrant. On nous asseoit dans un salon pour les invités et on attend. Sandra fait la conversation. Les Américains parlent vite et c'est très dur de les suivre. Du coup, je reste tranquille à attendre et paf, la conversation arrive sur l'attitude des français pour la coupe du monde de foot. Et là, tous les regards se tournent vers moi. Arg. Je me cache derrière mon sac et je dis "I'm not French !". C'est vrai que par les temps qui courrent, j'aimerais mieux être ... Espagnole ?

 

Mais voilà nos hôtes qui arrivent avec des matelas. On doit se déchausser et s'installer sur les matelas. Les plats arrivent. Il n'y a pas d'entrée (beu) et on attaque tout de suite le plat principal, le yahinirsabaneh. C'est super bon. Les épinards sont servis dans leur jus de cous de poulets, avec les pois chiches et le riz vermicelle à part avec le poulet. C'est pas facile de manger assis par terre. On boit avec ça un jus de raisin très sucré, fait à base de jus concentré maison. Ensuite le gateau : bon mais bourratif heureusement pas trop sucré. Les femmes ne mangent pas avec nous. Comme dans le temps elles attendent dans l'autre pièce. Elles arrivent à la fin du repas et restent un peu avec nous. Elles voudraient nous inviter à passer prendre le thé chez les autres mais pas le temps. On part avec Sandra visiter le camp. Je n'ose pas sortir mon appareil à photos. J'ai toujours autant de mal à photographier. Mais voilà quand même quelques photos :

 

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à gauche l'hôtel Continental, en face le camps et quand on tourne à droite, on est sur la route qui mène au camp.

 

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le four dans lequel on cuit le pain, le poulet, tous les plats qui vont au four en fait. C'est un four très mod kozh. Mais Mary cuisine dans un four comme ça aussi. Le pain est cuit en quelques minutes.

 

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Pendant que le vermicelle dore, on nettoie les  épinards.

 

 

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bon là on avait terminé de mangé,  donc c'est pas très joli, mais tant pis.

 

Là c'est une autre entrée du camp. Et une photo prise d'un toit parce que j'ai bien aimé le ti jardin.  Il y a beaucoup de réserves d'eau sur les toit car l'eau est souvent coupée. En ce moment c'est la sécheresse ici. Pas de pluie du tout. Mas en fait tout va bien quand même. Les gens sont très sages ici. C'est comme dans le temps où c'était mieux, de vivre,  on se prend pas la tête pour des conneries, du moment qu'on a du riz et de l'eau, c'est cool. Et ils ont carrément raisons d'être comme ça. Une belle leçon de vie.

   

 

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Publié dans divers

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J
<br /> oui oui elen on a hâte de voir les recettes....<br /> bon dimanche à toi !<br /> jeannine<br /> <br /> <br />
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V
<br /> ah ben ça aussi, il faudra que tu nous montres!! :-)<br /> <br /> <br />
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