Essayer de comprendre l'autre,
"j'ai été réveillé par un homme qui hurlait à la mort du haut de cette tour : j'ai dû le faire taire"
"quoi, vous avez fait taire le muezzin ?"
"ah, c'était donc ça tout ce tintouin ?"
Jean Dujardin oss 117. Merci Del
C'est le Ramadan ici. No smoke, no drink, no eat. Le soir, après l'arrêt du jeûne, les musulmans se retrouvent place de la nativité pour prier ensembles. Ils mettent leurs tapis bien alignés et écoutent le muezzin. Ils lui répondent en s'agenouillant, en se courbant, en se relevant. Il n'y a que des hommes à prier. Voilà, j'en sais pas beaucoup plus sur la religion musulmane.
Hier Anton, mon hôte, me dit "please, you are like a dauhgter for me, put something on your shoulders, you know, the musulman are very fanatics, don't go out without something on your shoulders". Bon, donc, j'ai mis un foulard sur mes épaules, mais franchement, juste pour lui faire plaisir : je n'avais eu aucun problème jusqu'à présent. J'ai entendu dire qu'à Ramallah, c'est différent. Mais ici c'est bien trop touristique pour que les intégristes de tout crin se sentent choqué par ma tenue. Donc, quand j'irai à Ramallah, je me couvrirai les bras et les jambes. Je mettrai une dichdacha, longue robe traditionnelle unisexe. Comment je vais être trop classe !
Aujourd'hui Mary is very excited. Elle va demain à Jérusalem. Et voilà une tranche de vie que j'ai glanée en papotant avec elle : les Palestiniens n'ont pas le droit d'aller à Jérusalem. Il leur faut demander un laisser-passer pour sortir des territoires palestiniens. Pour le ramadan, ou pour d'autres fêtes religieuses, les Palestiniens peuvent demander un laisser-passer pour aller un vendredi par mois à Jerusalem. Autrefois le laisser-passer n'avait pas de photo. Maintenant oui. Mary a eu l'autorisation mais pas Anton. Pourtant il a plus de 50 ans. En effet, les hommes de moins de 50 ans ne peuvent en aucun cas sortir. Anton ne sait pas pourquoi il n'a pas eu l'autorisation. Peut être parce qu'il est allé aux obsèques d'un jeune voisin qui avait été tué par l'armée israélienne, car les services de police prenaient des photos. Il ne sait pas. Ici, on peut qualifier le régime d'apartheid. Maintenant, j'ai envie de parler à des israéliens. Qui, de l'oppresseur ou de l'oppressé est le mieux dans sa peau ? Les Israeliens n'ont pas le droit non plusd'aller dans les territoires palestiniens. Certains bravent cette interdiction pour aller manifester aux côtés des Palestiniens.
Ce que je constate aussi c'est que les religions sont prisent comme argument pour attiser le conflit. Ici, place de la nativité, arabes musulmans et catholiques, touristes, muezzins, prêtres paraissent en paix. Je ne me suis jamais sentie en danger jusqu'à présent. A Tel Aviv non plus. Ni à l'aéroport. J'ai été fouillée et questionnée, oui, mais sans aucun mépris ni violence.
Alors cette photo représente mon petit déjeuner habituel : pain (c'hobez) trempé dans l'huile d'olive (zeitoun) puis dans une poudre (zaatar) d'origan avec un peu de sésame. C'est très bon. Le fromage, c'est du fromage de ménage (jibene) qu'on peut manger trempé dans le zaatar avec du pain confiture de je ne sais pas quoi, mais très bon aussi. Et dans l'assiette au premier plan, c'est du foul. C'est bon mais je ne sais pas ce que c'est. Peut être de l'aubergine. En tout cas, dès le matin, j'ai la bouche complètement anesthésiée avec la tonne d'ail qu'ils mettent dans tout. Heureusement j'aime l'ail.
Je vais apprendre plein de nouvelles recettes ici. Et puis je vais leur faire du farz pitilig....
Ca c'est l'entrée de la plus vieille église du .... monde entier en fait et Vodka, l'adorable petite chienne de mes hôtes.